ARTISTEMohamed Anzaoui

« En célébrant la renaissance, cette exposition célèbre l’éloge de l’inattendu, et se concentre sur la poétique du mouvement, de la foudre et de l’abstraction…”

Mohamed Anzaoui: Renaître de ses cendres
La répétition est au cœur de l’acte de peindre; la différence en est la variation, la condition pour que la peinture se perpétue et se renouvelle. On pourrait pour approcher la peinture de Mohamed Anzaoui revenir sur la conception nietzschéenne de l’art que le philosophe définit en termes de physiologie, en opposition avec la conception esthétique hégélienne. Créer consisterait d’abord à affronter un chaos intérieur avant même de chercher à lui donner forme et à le transmuer en beauté.

L’artiste, peintre ou musicien, entre en résonance avec sa nature intime traversée par les passions, mais aussi avec les tensions extérieures d’un monde en perpétuelle ébullition. Le renouveau sous lequel Anzaoui place sa nouvelle exposition est à comprendre non seulement comme un éternel retour de la peinture, mais aussi du sensible. L’artiste est celui qui sait entrer en conflit avec lui-même, mais répercute aussi les conflits qui traversent le monde. La déflagration est son credo.

Or, ce qui semble aujourd’hui refaire surface, ce sont des forces de destruction, des pulsions de mort généralisées que les psychanalystes désignent par le terme de Thanatos. En témoigne chez Anzaoui l’abandon du bleu Nyla, devenu avec le temps la signature de ce natif d’Asilah, au profit d’un noir et blanc ou de gris colorés qui ne sont pas sans évoquer les gravures des Désastres de la guerre réalisées par Goya entre 1810 et 1815.

Deux siècles plus tard, un même déchaînement de violence secoue le monde comme le suggère dans les toiles la présence de linceuls ou de visages d’enfants qui semblent surgir du néant. Parfois, la peinture donne l’impression de jaillir d’une explosion d’antimatière, comme un acte de résistance qui ne dirait pas son nom.

Une ligne de démarcation semble habiter la plupart de ces toiles, séparant horizontalement ou verticalement différents espaces qui peinent à cohabiter.