Monia Touiss,
Traversées; devenir peintre, c’est peut-être commencer, à chaque moment, à traverser l’histoire de l’art et celle de la peinture. Quand on fait ses classes, comme Monia Touiss, aux Beaux-Arts de Tétouan, sa première école est d’abord celle de l’académisme. Conçue initialement comme une propédeutique aux écoles des Beaux-Arts espagnols, l’École des Beaux-Arts de Tétouan – qui deviendra un an après que Monia Touiss eut obtenu son diplôme en 1992, Institut National –, transmet un enseignement canonique, dans l’esprit de son fondateur Mariano Bertuchi. Dessin d’après modèles, connaissance des justes proportions, mais surtout apprentissage empirique de la peinture en extérieur, sur le motif. Avant d’adopter l’abstraction lyrique et le genre du portrait auxquels on associe volontiers aujourd’hui son travail, l’artiste commence par peindre des paysages, d’après nature. L’observation est de rigueur. Une attention de chaque instant est requise. Tétouan est une ville montagneuse, soumise aux aléas climatiques. Le paysage y est en constante évolution. Sans doute sommes-nous proches de ce que les peintres-calligraphes chinois désignent par les deux idéogrammes évoquant une « montagne-eau » dont les transformations sont incessantes…